Rémi Lesca : un Elan d'amour
S'il en est bien un qui n'a jamais caché son amour pour l'Elan Béarnais, c'est bien Rémi Lesca. Le meneur landais est de retour au bercail après un exil de six ans et rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Lui qui a montré au fil de sa carrière qu'il ne pouvait pas ne pas tout donner sur un parquet, aura à coeur de transmettre à ses coéquipiers ce supplément d'âme que lui procure ce maillot vert & blanc qu'il chérit tant. C'est avec fierté et ambition qu'il entend relever ce nouveau défi qui relance une histoire déjà belle mais jusqu'ici inachevée, entre lui et son club de coeur.
Qu'est ce qui différencie le plus le Rémi Lesca d'aujourd'hui de celui qui a quitté l'Elan en 2014 ?
"J'ai appris la patience, et ce grâce à la paternité. Je reviens en étant papa de deux garçons (Raphaël, 3 ans et demi et Gabriel, né à Périgueux il y a deux mois) et ça, ça change une vie ! depuis mon départ, j'ai gagné en maturité forcément et acquis plus d'expérience au fil des six saisons qui se sont écoulées. J'ai beaucoup appris au contact de mes coéquipiers, de mes coaches et des environnements différents auxquels j'ai du m'adapter."
Que retiens-tu de tes aventures vécues au cours des six dernières saisons ?
"En premier lieu, j'ai pris conscience que peu de clubs disposent des infrastructures dont l'Elan Béarnais a pu bénéficier très tôt. Sincèrement, je ne pensais jamais devenir pro un jour. J'ai eu la chance de pouvoir embrasser une carrière dans ce monde professionnel en étant dans d'excellentes conditions à l'Elan et du coup je ne pensais jamais partir. A l'été 2014, j'ai été amené à vivre autre chose, une nouvelle expérience à laquelle je ne m'attendais pas. Au final, les circonstances ont fait que j'ai pu vivre six saisons, certes plus ou moins compliquées mais à chaque fois enrichissantes au sein de trois clubs différents, mais toujours dans l'élite. Je n'en garde que du positif."
Le plus dur, c'était de partir ?
"C'est vrai que les 8 heures de route pour rejoindre Reims te laisse le temps de cogiter ! ce départ, c'était un changement radical dans ma vie. J'ai du me débrouiller seul, ma femme Amandine ayant des stages professionnels à effectuer (elle est aujourd'hui médecin généraliste, ndlr). C'était dur mais avec le recul, je me dis que c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver."
Rémi Lesca : "J'ai appris la patience et ce, grâce à la paternité"
"Après le CCRB, il y a eu Levallois et Boulazac. Encore une fois, tu ne t'attendais pas à vivre tout ça ?"
"Du tout. Déjà, quand je signe au CCRB, le club bénéficie d'une wild-card pour accéder à la Pro A. Quand j'arrive à Paris à l'été 2016, le contexte est tendu car la municipalité stoppe les subventions. Au final, pour la première saison complète de Fred Fauthoux à la tête de l'équipe, on décroche une place en demi-finale des playoffs totalement inattendue. L'année suivante, on dispute l'Eurocup ! je n'aurais jamais imaginé cela en quittant Pau. En 2018, Boulazac me fait part de son intérêt, que ce soit en JeepELITE ou en Pro B car l'incertitude demeure en raison de la situation de Blois, premier de Pro B mais pas sûr de monter. Finalement le BBD est repêché et je poursuis mon chemin dans l'élite dans un environnement somme toute familier puisque je retrouve JF Morency dans l'effectif. Ce fut vraiment plaisant d'évoluer dans le club d'une ville qui vit pour le basket."
Si tu devais retenir une rencontre au cours de ses 6 ans..."
"C'est compliqué car comme je l'ai dit, ces expériences ont été riches et m'ont permis de découvrir beaucoup de belles personnes avec des cultures très diverses. A Boulazac, j'ai noué une relation forte avec Jérôme Sanchez qui, pour preuve, fut mon témoin de mariage. mais je dois quand même avoué avoir été marqué par ma rencontre avec Boris Diaw lors de ma seconde saison à Levallois. C'est le type de rencontre que tu n'oublies pas. Quand tu connais son parcours et que tu découvres la simplicité de ce gars au quotidien, c'est magique. Il a toujours fait preuve d'un profond respect vis à vis de tout le monde : ses coéquipiers, son staff, ses adversaires. C'est un grand monsieur."
"Dans quel état d'esprit reviens-tu ?"
L'Elan a connu un dernier exercice délicat mais au BBD non plus cela n'a pas été de tout repos. La saison fut tronquée mais elle n'en a pas moins été épuisante car on a enchaîné les soucis d'effectif. Je quitte le Périgord avec la satisfaction de laisser le club en JeepELITE, c'était le plus important. Laurent Vila m'a contacté très tôt et j'avoue n'avoir été motivé que par ce retour à la maison. Je vois ça comme une bénédiction. Il y a 6 ans, je suis parti sans rancoeur, juste avec de la déception car j'aime profondément ce club vert et blanc. Bien sûr, à chaque fois que j'ai recroisé la route de l'Elan, jai toujours eu à coeur de m'imposer et montrer ce que j'étais capable de faire. Je me souviens de cette victoire inespérée avec le CCRB en 2014 pour mon retour au Palais alors que nous avions 19 points de retard à l'issue du 3ème quart-temps (91-83 au final suite à un 37-10 infligé aux Palois lors des 10 dernières minutes). Aujourd'hui, je reviens avec la volonté de tout faire pour remettre l'Elan Béarnais dans le sens de la marche. J'ai vu plusieurs matches en cours de saison, entendu les sifflets qui venaient des gradins du Palais : ça fait toujours mal mais il faut aussi comprendre les supporters. Ils aiment ce club et c'est le seul moyen dont ils disposent pour exprimer leur frustration. Il faut qu'on leur redonne l'envie de nous soutenir, la fierté de défendre leurs couleurs."
Rémi va retrouver Nicolas De Jong à l'Elan, un joueur avec lequel il a déjà évolué à Boulazac lors de la saison 2018-19
Cela passe par quoi ?
"il n'y a pas 36 solutions, nous nous devons d'être performants. Il faut gagner et si l'on vient à perdre, cela ne pourra être qu'en ayant tout donné sur le parquet. Lors de ma première saison à Boulazac, nous n'avions pas l'équipe la plus talentueuse du championnat mais nous avons su remporter bon nombre de matches par la force de notre collectif. Dans un groupe, tout le monde doit se sentir bien, connaître son rôle et exécuter ce qu'il sait faire de mieux, sans vouloir surjouer. Moi, je ne pense pas à ma carrière. Je ne suis pas le meneur scoreur titulaire qui joue 25 minutes par match, j'ai conscience de qui je suis mais je sais ce que je peux apporter à l'équipe. Mon but, c'est rendre les autres meilleurs, permettre à Nico (De Jong) de pouvoir enfiler les paniers, être celui qui se sacrifie et qui communique son envie de se battre pour le maillot. J'ai déjà joué avec Nico à Boulazac et Petr (Cornelie) à Levallois. Quant à Jérémy Leloup, il pue le basket et il n'aura aucun mal à se fondre dans le collectif. Cette base offre déjà des perspectives intéressantes en vue de la saison à venir."
Rémi en séance de dédicaces à l'issue de son dernier match au Palais en mai 2014 :
L'heure des retrouvailles avec le public palois est pour bientôt ©Eric Traversié
Comme nous l'avions démandé à Jérémy précédemment, comment as-tu vécu le confinement ?
"C'était vraiment particulier, d'autant plus que ma femme devait accoucher pendant cette période. Nous avons eu peur au début et puis, comme tout le monde, nous nous sommes adaptés. Elle n'est restée que deux jours à la clinique alors on s'est vite retrouvé en famille. C'était quand même plutôt facile en étant à la campagne et en disposant d'un petit jardin pour pouvoir sortir un peu. On apprend à vivre avec ce virus mais clairement, rien ne sera plus vraiment comme avant et je pense qu'on se souviendra toute notre vie de ce confinement."